Il est extrêmement rare qu’un burn-out survienne du jour au lendemain. Il s’agit, au contraire, d’un processus jalonné d’étapes et d’un état qui s’instaure chez sa victime insidieusement, presque sournoisement et qui hélas, chaque jour, gagne du terrain.
Plusieurs phases peuvent être identifiées. Décortiquons-les.
Phase 1. La période de « surchauffe »
Le burn-out, autrement dit l’effondrement (ou la chute), est quasi systématiquement précédé d’une phase dite de « burn-in » pendant laquelle la personne concernée est en «
surchauffe ». Autrement dit, en état de stress chronique intense. Durant cette période, ses réserves (ou batteries) en énergie se vident. La personne ne vit plus, elle court. Elle
est débordée et ne voit pas le bout de chacune de ses tâches. Sous l’eau, elle s’énerve vite, très vite.
Pour savoir si vous (ou l’un de vos proches) êtes dans cette phase, lisez les quelques affirmations suivantes. Si elles font écho pour vous, c’est qu’il est sans doute temps de « lever le pied », de repenser votre façon de travailler ou de vous entretenir avec vos équipes ou votre hiérarchie afin d’identifier d’où vient un éventuel dysfonctionnement :
– J’ai moins de patience ;
– Je m’énerve plus souvent que d’habitude ;
– Je suis fréquemment agacée ;
– Mes réactions sont disproportionnées ;
– Je pleure fréquemment.
– Je suis irritable avec mes proches ;
– Mon sommeil et mon appétit sont impactés (je dors mal, voire très mal. Je mange mal, voire très mal) ;
– J’annule des rendez-vous extra-professionnels (déjeuner entre amis, rendez-vous chez le médecin, etc) ;
– Je m’isole de plus en plus sur mon lieu de travail (je croise de moins en moins souvent mes collègues, je les évite, la machine à café m’attire de moins en moins, etc) ;
– J’ai l’impression de courir après le temps ;
– Je suis souvent en mode « pilotage automatique » ;
– Mon entourage me fait des remarques, me conseiller de ralentir et/ou de consulter un médecin ;
– Je n’ai plus de temps pour moi
– Mon corps m’envoie des signaux (maux de dos, migraines, pelade, eczéma, etc) mais j’ai l’impression de pouvoir tenir encore (“je n’ai de toutes les façons pas le temps de
m’arrêter ou de prendre du temps pour moi…trop de boulot !”).
Phase 2. L’effondrement
L’ensemble des témoignages sur le sujet convergent : un jour, plus rien. Le black-out. La personne ne peut plus. « Je n’ai pas réussi à me lever », « impossible de me rendre au
travail », « je n’ai plus pu… ». Épuisé(e), « cramé(e) » disent certain(e)s. HS. Les batteries sont vides. L’énergie n’est plus là. Tout demande alors un effort surhumain. Le corps
et la tête, pour schématiser, se
mettent en mode « off ». Le corps dit stop. Arrêter les dégâts. Cela suffit. C’est le moment de l’arrêt (ou de l’interruption d’activité pour les entrepreneurs, professionnels
libéraux ou autres indépendants).
Il est urgent de s’extraire de son contexte de travail. Le repos est de mise. Éloignement des sources de stress. Le challenge : s’autoriser à se reposer…un autre débat ;-).
Souvent perçue comme une « traversée du désert », cette période d’effondrement est extrêmement douloureuse mais nécessaire. Elle peut elle-même se décomposer en plusieurs phases : le déni et la culpabilité d’être en arrêt, suivi de la prise de conscience de la pertinence et de la nécessité de l’arrêt, puis enfin le retour progressif des envies, des fonctions et de la vie sociale. Les étapes ne doivent pas être brûlées. Elles sont toutes importantes et déterminantes pour la convalescence, puis la guérison. Elles impactent d’ailleurs potentiellement le risque de rechute. En gros, « chaque chose en son temps » dans cette turbulence de vie.
Phase 3. La remontée
Si, si il y a bien un après burn-out. Arrive en effet le moment où « la machine se remet en route ». Tout doucement. Lentement. A son rythme (et non plus à un rythme imposé). Vient
alors le temps de retrouver sa vie sociale, sa vie familiale parfois perturbée, voire totalement délaissée durant les périodes précédentes. Et, plus largement, sa vie tout court.
Les envies reviennent. Les personnelles comme les professionnelles.
S’ouvre souvent alors une véritable réflexion sur ses choix de vie : « de quoi ai-je envie aujourd’hui ? », « Comment ai-je envie de dessiner ma vie ? », « Quel sens vais-je donner à la suite ? ».
Un travail de reprise de confiance en soi est important à ce stade. Sérieusement altérée lors d’un burn-out, il faut se retrouver, se réapproprier ses compétences mais aussi ses limites.
C’est en cela que le burn-out, aussi difficile soit-il, peut, parfois, permettre de vivre autrement, de se redéfinir, de relire ses envies et ses besoins à l’aune de la souffrance endurée….un « mal pour un bien » ?
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