Dis-moi ce que tu manges
Ce que pense le cerveau de ce qu’il mange est fondamental. S’il n’est pas comblé, assouvi, son fonctionnement sera perturbé. Il ne peut plus assurer correctement la coordination du corps ni celle de la pensée, encore moins celle du plaisir, explique Jean-Marie Bourre dans « La diététique du cerveau », éditions Odile Jacob.
La composition de notre ration alimentaire influence notre degré de concentration, de mémoire, d’excitation, d’agressivité, d’anxiété. Elle joue à ce titre un rôle des plus importants dans le fonctionnement de nos facultés psychiques, renchérit Christian Brun, un des grands sorciers de la naturopathie et de l’hygiène vitale en France. Plus grave, les carences engendrées par une alimentation dénaturée, frelatée, perturbent notre mental. Et les additifs chimiques modifient notre comportement et finissent par forger notre personnalité de façon permanente.
De là à prêter à l’alimentation un rôle dans la genèse des maladies psychiques, il n’y a qu’un pas que certains naturopathes n’hésitent pas à franchir, Christian Brun en tête. Je pense que la montée effarante des maladies mentales et nerveuses est directement liée à notre mode de vie et plus particulièrement à notre alimentation et à notre attitude lorsque nous mangeons : soucis, colère, tristesse, rancune…
Matière et énergie
À mesure que la science progresse dans la connaissance du corps et de ses dysfonctionnements comme dans l’analyse du contenu nutritionnel des aliments, un parallélisme de plus en plus flagrant s’établit entre la qualité du régime alimentaire dans certaines régions du monde et la santé non seulement physique, mais aussi psychique de leurs habitants.
Réconciliant enfin le corps et l’esprit, de plus en plus de psychiatres s’intéressent à l’incidence de l’alimentation sur la santé psychique de leurs patients. À la lumière des neurosciences et de la progression, hélas, de certaines pathologies mentales telles la dépression, la maladie d’Alzheimer, voire l’autisme – qu’un simple changement de régime alimentaire fait souvent évoluer favorablement ! – le lien étroit qui unit troubles de l’humeur et façon de se nourrir devient une évidence.
En clair, pour voir la vie en rose, il est primordial de donner au corps les bons carburants qui lui permettront de se sentir alerte, tant physiquement que psychiquement. Privilégier des aliments de qualité apportant outre les calories, des nutriments essentiels à leur utilisation est fondamental pour le moral. Tout le monde sait pratiquement que l’alimentation apporte des sucres, des graisses, des protéines, des vitamines et des minéraux. Mais au-delà des publicités pour la margarine qui protège votre cœur ou le soda zéro enrichi à l’aspartam, tous les sucres, graisses et protéines se valent-ils ?
Les protéines qui régulent nos émotions
Ces neurotransmetteurs, ou neuromédiateurs, sont synthétisés à partir des éléments contenus dans des précurseurs qui ne sont autres que nos aliments. Et plus précisément à partir des acides aminés issus des protides.
Il est désormais démontré que le niveau quantitatif de ces neurotransmetteurs est en corrélation directe avec des troubles psychiques particuliers tels la dépression, l’anxiété, l’irritabilité, la perte de mémoire…
Tryptophane et phénylalanine
La dinde, les dattes, le lait et les œufs. Ces aliments contiennent du tryptophane, un acide aminé essentiel ne pouvant être synthétisé par l’organisme lui-même est le précurseur de la sérotonine. Qualifiée d’hormone du sommeil et nécessaire à la relaxation, la sérotonine devient, si son taux est trop, faible responsable de confusion mentale : agressivité, colère, nervosité, phobies, dépendance aux drogues douces tels l’alcool et le tabac.
À ce titre, le tryptophane est anxiolytique, antidépresseur et est utilisé pour favoriser l’endormissement et combattre les états de dépendance à l’alcool ou à la cocaïne. Pour la petite histoire, sachez que tous les plaisirs de la vie font remonter le taux de sérotonine…
Les viandes, les fromages, le blanc d’œuf, le soja, les pois chiches. Ils sont riches en phénylalanine. C’est un acide aminé à part puisqu’elle se transforme en tyrosine, le précurseur de la dopamine et de la noradrénaline, deux neurotransmetteurs qui stimulent le cerveau. Ainsi, c’est la dopamine qui module l’appétit, la libido, la mémoire, la concentration.
Méthionine, glutamine et histidine
L’ail et l’oignon. Quant à la méthionine que l’on trouve dans l’ail et l’oignon, elle est, outre ses propriétés antioxydantes et chélatrices des métaux toxiques, indispensable au fonctionnement de tous les autres neurotransmetteurs.
Le son, le blé, les amandes et les noisettes. Tous ces aliments contiennent de la glutamine qui est le précurseur de deux neuromédiateurs qui améliorent la mémoire, augmentent la vivacité cérébrale et diminuent l’anxiété.
Dans les laitages et les viandes mais aussi dans les céréales complètes, les laits végétaux et les œufs, on trouvera enfin de l’histidine. Cet acide aminé essentiel est précurseur de l’histamine, transmetteur nerveux qui joue, entre autres, un rôle de régulation des émotions et du comportement : il a un effet relaxant du cerveau, favorise l’orgasme chez la femme et augmente les sensations pendant l’acte sexuel.
Graisses et équilibre émotionnel
Remplissant des rôles innombrables dans le corps, les lipides sont indispensables à notre subsistance. Constituants essentiels des membranes de toutes nos cellules, précurseurs de nombreuses hormones, réserves d’énergie, constituants à 30 % du poids de notre cerveau ils ont pourtant été diabolisés à tort par de nombreux courants nutritionnels et accusés de n’être que les vecteurs de pathologies comme l’obésité ou les maladies cardiovasculaires.
Essentiellement représentés par de longues chaînes carbonées sur lesquelles viennent se greffer des atomes d’hydrogène pour constituer ce que l’on appelle les acides gras, les lipides vont, selon le degré de saturation des acides gras en hydrogène, appartenir aux acides gras dits saturés, mono-insaturés (aussi appelés oméga 9) et polyinsaturés (oméga 3 et 6). Oméga 3 et 6 participent activement à l’équilibre des processus inflammatoires et allergiques dans l’organisme.
Pour synthétiser, les oméga 6 sont plutôt pro-inflammatoires alors que les oméga 3 sont anti-inflammatoires.
De l'importance des omégas 3 Le cerveau a en effet besoin d’acides gras essentiels pour fonctionner. Parmi eux, les acides gras oméga 3 et oméga 6 participent à la formation et à l’entretien des neurones mais aussi au transport du glucose, le principal carburant du cerveau. C’est dire leur importance pour doper nos neurones ! Le DHA permettrait même de réduire le stress. Toutes les études menées laissent penser que les acides gras oméga 3 (notamment EPA) agiraient sur l’humeur et permettraient de limiter les dépressions, surtout saisonnières, en activant la sécrétion de mélatonine. Privilégiez dans votre assiette les poissons gras riches en oméga 3 à longue chaîne qui apportent selon les espèces entre 0,5 et 2 g d’EPA. De quoi couvrir nos besoins ! Jouez la variété et la qualité : maquereau, hareng, sardines, thon et saumon. Dans la mesure du possible, privilégiez le saumon sauvage toujours plus riche en oméga 3. Il en existe en surgelé tout à fait abordable. |
Les acides gras pour chasser la déprime
Pour bien fonctionner, c’est de graisses insaturées dont le cerveau a besoin, principalement d’oméga 3 que l’on retrouve dans les huiles de poissons, mais aussi les huiles végétales de première pression à froid comme l’huile de colza, de noix, de lin ou encore de cameline. Incorporées aux membranes cellulaires, ces bonnes graisses leur assurent une fluidité et un fonctionnement optimal, notamment pour recevoir et émettre les messages véhiculés par les neurotransmetteurs.
Manger au moins trois fois par semaine du poisson gras (sardines, maquereaux, saumon…) et chaque jour des huiles végétales équilibrées est donc la deuxième brique du temple de la bonne humeur !
La sur-utilisation actuelle de graisses saturées et les oméga 6, et pire encore, la création par les procédés industriels (visant à stabiliser les matières grasses dans les viennoiseries, charcuteries, biscuits…) de molécules modifiées dangereuses pour la santé et appelées Acides Gras TRANS est très nocive pour la santé physique et mentale.
De plus, alors que le rapport oméga 6/oméga 3 devrait idéalement être de 3 à 5/l, il avoisine les 50/1 dans l’alimentation courante aux États-Unis où les pathologies découlant de l’inflammation telle que diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires sont légion !
Les conséquences psychologiques directes ou indirectes de ces pathologies sont indéniables, allant des troubles nerveux liés à la douleur chronique comme l’anxiété ou la dépression aux désordres mentaux liés à l’altération de l’image et de l’estime de soi comme l’anorexie ou la boulimie.
Réintroduire dans l’alimentation un bon équilibre des graisses avec 25 % de graisses saturées, 25 % de mono-insaturées et 50 % de polyinsaturées de type oméga 3 est donc la clé de l’équilibre. Pour bénéficier de ces bonnes graisses, la consommation courante d’huile d’olive riche en oméga 9 et de poissons gras ou d’huiles comme celle de colza, de lin, de noix ou de cameline riche en oméga 3 est à privilégier. Les oméga 3 d’origine animale (poissons gras) et plus particulièrement l’EPA (Acide Eicosapentaénoïque) et le DHA (Acide Docosahexaénoïque) sont plus facilement métabolisés par les cellules et donc garants d’un bon équilibre émotionnel.
La suite dans cet article : les vitamines, minéraux et épices bons pour le mental et le moral.
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